«Ce qui a été renaît» (palin ginetaï)  Pythagore (mathématicien et philosophe grec)

Un film vu à la chaîne NRJ 12 raconte comment un scientifique, le docteur Jeykill a ramené à la vie des dinosaures disparus il y a 60 millions d’années. Dans son plaidoyer le scientifique fait l’apologie de la science qui peut tout faire, notamment dans la «réparation de l’homme». D’une façon spectaculaire, la caméra nous le montre d’abord paraplégique et ensuite, reprenant l’usage de ses jambes. Le scénario débouche sur une perte de contrôle de la renaissance des dinosaures qui envahissent la ville semant la terreur et la mort. L’immortalité est une utopie, un Graal qui a bercé l’espoir de générations d’humains et notamment de scientifiques. Comment en effet, redonner la vie à un être inanimé ?

L’Encyclopédie Wikipédia donne une définition : «L’immortalité désigne le fait pour un être vivant d’échapper à la mort et de rester vivant pour une période de temps indéfinie, voire éternelle. Selon les points de vue, l’immortalité peut concerner l’âme, le corps ou encore les deux. Les hommes de Cro-magnon et même de Néandertal enterraient leurs morts avec des fleurs ou des outils1 et la présence d’ocre dans leurs sépultures a été constatée. Même si cette thèse a été exposée, rien ne permet de déterminer si ces objets étaient placés là en pensant à un éventuel au-delà ou bien s’il s’agissait plus simplement de marques posthumes d’affection au même titre que nous fleurissons les tombes de nos morts.» (1)

«Une des plus anciennes mentions de l’immortalité (amrita) (entre 5000 et 1500 av. J.C.) se trouve dans le 10e mandala du Rig Veda. L’Égypte des pharaons avait pour sa part son Osiris, pesant le bien et le mal de la vie du mort pour déterminer où l’orienter. Les briques ayant servi à construire la tour de Babel aux vie siècle av. J.-C. portent l’inscription suivante, qui était gravée dans leur moule: «J’ai, Nabuchodonosor, fils de Nabopolassar, fait ériger cette tour en hommage au dieu Mardouk. Seigneur Mardouk, accorde-nous la vie éternelle.» Dans le même ordre, l’Épopée de Gilgamesh décrit la quête d’un héros recherchant l’immortalité suite à la mort de son ami Enkidu. Il ne l’obtiendra pas, seuls les dieux étant immortels, et sera condamné à mourir lui aussi, et à se coucher dans le sommeil de la mort.» (1)

Immortalité de l’âme et traditions religieuses

D’après le philologue Ernest Renan, la majorité du peuple hébreu adore le Dieu de ses pères sans espérer la moindre récompense dans l’au-delà, ni même l’existence d’un au-delà. S’il n’est certes pas pour autant interdit d’y croire, non plus qu’à une résurrection physique (vision de Daniel Chapitre 12), la religion elle-même ne s’engage pas à ce sujet. L’Ecclésiaste, par exemple, déclare que les morts ne voient rien et ne sentent rien. Les Pharisiens croient cependant plus tard à l’immortalité de l’âme, selon l’historien Flavius Josèphe. Le Moyen Âge européen et byzantin s’aligne sur le symbole de Nicée (premier Credo, établi par le concile de Nicée en 325 – modifié par la suite) qui mentionne «Je crois à la résurrection de la chair». Au moins depuis l’Égypte des pharaons, de nombreuses religions envisagent une vie post-mortem dont les conditions dépendraient d’un jugement divin, et qui compenserait les injustices commises ou subies pendant la vie terrestre. (…) Le bouddhisme envisage un cycle de naissance, de mort et de renaissance agissant en fonction des actions d’un individu. Ce cycle (samsara) étant jugé pénible, lassant et ne menant à rien, le sage vise à s’en extraire pour rejoindre le nirvana, qui est l’état de non-besoin.» (1)

 «Le christianisme introduit un concept de vie post-mortem différent: la résurrection des corps, en harmonie d’ailleurs avec la vision d’Ezéchiel d’hommes se reconstituant à partir de leurs ossements. La séquence post-mortem est complexe: jugement particulier, jugement dernier, paradis, enfer, purgatoire introduit par la suite en considération des fautes vénielles ne méritant pas un châtiment éternel, mais devant néanmoins être punies, limbes pour les enfants morts sans baptême.» (1) Le paradis musulman est décrit comme un lieu agréable (3.15). «Pour les pieux, il y a auprès de leur Seigneur, des jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, pour y demeurer éternellement»; 29.58. «Ceux qui croient et accomplissent de bonnes oeuvres, Nous les installerons certes à l´étage dans le Paradis sous lequel coulent les ruisseaux, pour y demeurer éternellement.» 47.15. L’enfer est décrit comme un lieu de torture» (1)

Le pape Benoît XVI supprimera le purgatoire dans les années 2000, ainsi une croyance qui a duré près de 17 siècles après le Concile de Nicée n’a plus d’assise, Dans l’au-delà c’est ou bien l’enfer ou bien le paradis, il n’y a plus de probation. Qu’en est-il d’une immortalité différente: la résurrection? Elle est considérée comme une preuve d’immortalité. Mieux dans certaines religions asiatiques, l’âme migre d’une enveloppe à une autre (transmigration des âmes) qui peut même être une métempsycose, c’est-à-dire le déplacement de l’âme, le transvasement d’une âme dans un autre corps, qu’elle va animer. La transmigration des âmes peut intervenir non seulement dans l’humain (réincarnation) mais encore dans les bêtes ou les plantes.

L’immortalité par l’ingénierie biologique

Les arbres les plus vieux du monde peuvent espérer vivre durant cinq millénaires individuellement. L’animal le plus âgé dépasse les 400 années. L’être humain a officiellement dépassé les 120 ans. Une méduse Turritopsis nutricula échapperait au vieillissement des cellules. On dit même que le homard ne peut mourir que par prédation.

Pour vaincre la mort et être immortel, il faut être en bonne santé. Cette lapalissade, n’en n’est pas une car le destin (le mektoub en arabe) est inscrit dans nos cellules qui sont programmées pour une durée de vie moyenne. Cependant, les formes biologiques ont des limites que l’homme rêve de dépasser par des interventions médicales, ou d’ingénierie, ou encore un rajeunissement cellulaire ou reprogrammation cellulaire. Il existe en effet des êtres vivants dont la structure biologique très simple et le mode de reproduction particulier, permettent de les considérer comme immortels. Du plus simple au plus complexe incluant les bactéries, certains types de levures, l’Hydre et certaines méduses très primitives comme Turritopsis nutricula ou Turritopsis dohrnii qui est actuellement le seul être pluricellulaire connu ayant un cycle de vie réversible ».(2)

Arrêter le vieillissement : l’immortalité en vue?

Les résultats d’une étude du professeur David Sinclair, généticien à l’Université de Nouvelle-Galles du Sud, et des chercheurs de Harvard relancent les fantasmes d’immortalité. Ils ont réussi à inverser le processus de vieillissement de souris. En effet, ils ont augmenté la dose d’une molécule, le nicotinamide adénine dinucléotide (NAD), permettant de rajeunir les muscles des cobayes. Pour Christophe de Jaeger, le NAD est un coenzyme qui, lorsqu’il diminue en concentration dans la mitochondrie (centrale énergétique des cellules permettant de fabriquer de l’ATP, ou adénosine triphosphate), provoque comme un manque d’oxygène chez la cellule. Le mécanisme énergétique s’altérant, la mitochondrie mime le vieillissement. En rajoutant du NAD, vous allez lui redonner sa capacité de reproduire l’énergie nécessaire. Cela équivaut à décrasser le carburateur. (…) Ce mécanisme est très similaire chez l’humain, avec tout de même des différences ».(2)

Les gens à qui l’on donne du NAD voient leur performance musculaire s’améliorer, de même que, et surtout, leur capacité à récupérer. (…) Dans les 25-30 ans à venir on va peut-être pouvoir agir directement sur le génome et fermer cet interrupteur qui fait démarrer le vieillissement autour de 18-20 ans. Et à ce moment-là on aura une auto-réparation de notre corps. On aura atteint le stade du longévisme.» (2)

Pour le professeur David Gems, professeur qui enseigne la biologie du vieillissement à l’University College London (UCL): «La grande question est: qu’est-ce que le vieillissement? Il s’agit d’un mystère scientifique parmi les plus difficiles à élucider, et qui génère énormément de controverse.» Joel de Rosnay pense que «le processus de vieillissement reste inéluctable. Sur notre planète, la mort est nécessaire à la vie. Les atomes, les molécules, tout est recyclé. Si les vieux organismes ne mouraient pas, les nouveaux ne pourraient se développer». Pour sa part, analysant les causes de la mort, David Gems, ecrit que: «Chez l’homme, la mort peut trouver son origine dans une blessure, une infection ou un bus dans la figure. Lorsque l’on meurt de vieillesse, c’est à cause de l’une des maladies liées au processus.

Le vieillissement est une maladie en soi : si vous êtes touché par un AVC, qui laisse des séquelles sur votre cerveau, vous garderez un certain nombre de tissus morts: vous êtes donc un mélange de matière vivante et de matière morte. Comment la cohabitation se fait-elle? Que se passe-t-il si les cellules mortes causent la mort des autres cellules?»(3)

Comment freiner le vieillissement?

Joel de Rosnay explique comment les chercheurs pensaient avoir trouvé le moyen d’arrêter le vieillissement: «Au début des années 1960, deux scientifiques américains ont suivi l’évolution des cellules qui, depuis le tout premier stade embryonnaire, se divisent et se spécialisent en cellules de peau. Elles se reproduisent une fois, deux fois, trois fois… S’agencent en tissus, puis au bout de cinquante divisions en moyenne, elles ne se multiplient plus. Elles semblent programmées pour s’arrêter, comme des bougies qui s’éteignent une fois leur mèche consumée. La métaphore est pertinente: à la fin des années 1980, on a trouvé cette «mèche» biologique. Ce sont des morceaux d’ADN (appelés «télomères»), situés en bout du filament du chromosome de la cellule. Chaque fois que la cellule se divise, un morceau de cette mèche est coupé par une enzyme. Quand il n’en reste plus, le processus s’arrête: la cellule ne se divise plus. Le tissu garde alors les mêmes cellules, il ne se régénère plus, il vieillit.» (3)

Justement le projet Sens (Strategies for Engineered Negligible Senescence (2002)) a pour but justement l’extension radicale de l’espérance de vie humaine. Le projet novateur Wilt prévoit d’étudier la réparation des télomères en interdisant la synthèse de télomérase. Pour David Gems, le vieillissement n’est pas la même chose que la mort. Le premier est un processus dont nous faisons l’expérience graduelle au fil de notre existence. Comment pourrait-on arrêter la machine du vieillissement? Joel de Rosnay cite le cas du chercheur anglais Aubrey de Grey de l’Université de Cambridge. Pour lui, un des droits inaliénables de l’homme est sa liberté de choisir de vivre aussi longtemps qu’il le souhaite. Étape par étape, la vie humaine pourrait être selon lui prolongée pratiquement indéfiniment. Il propose par exemple de régénérer les cellules qui ne se renouvellent pas grâce à des cellules embryonnaires régulièrement transfusées, d’éliminer les cellules indésirables (cellules de graisse ou cellules vieillissantes), de protéger les quinze gènes de l’ADN des mitochondries en les plaçant dans le noyau des cellules..» (3)

Dans un livre intitulé : «  La Mort de la mort », le docteur Laurent Alexandre, attire l’attention sur l’effondrement du coût du séquençage génétique chez l’homme Selon lui, «la perspective d’une espérance de vie de 200 ans à la fin de ce siècle est peut-être une hypothèse conservatrice», voire «le premier homme qui vivra 1000 ans est peut-être déjà né!», ce qui rapproche sa position de celle d’Aubrey de Grey. S’il ne s’agit pas encore à proprement parler d’immortalité, les progrès prévisibles de la médecine pendant de telles périodes peuvent la laisser espérer, en tout cas techniquement. (…) Le biologiste Jean Rostand déclarait que «nous ne savons pas si l’homme est une fleur ou une chaise» et s’explique: la chaise est potentiellement éternelle dès lors qu’elle est traitée avec soin et réparée régulièrement. La fleur, au contraire, porte déjà en elle le programme de sa propre destruction.»(3)

Dans l’immédiat, Gordon Bell estime que l’on doit pouvoir stocker une très grande partie du vécu d’une personne sur un ou plusieurs téraoctets, et y avoir accès de façon directe par le procédé d’hyperliens imaginé par Vannevar Bush. (..) Le résultat de cette expérience est relaté dans le livre de Jim Gemmel et Gordon Bell intitulé Total Recall publié en janvier 2011. Sur cette base, les transhumanistes envisagent le téléchargement de la personnalité d’un individu sur un support numérique non biologique grâce au «mind up-loading»(1)

2045 : l’Homme sera immortel !!!

Telle est la promesse des trans-humanistes ! Pour Ray Kurzweil conseiller chez Google: si un neurone est remplacé par son équivalent fonctionnel, le comportement de l’individu va être en tous points semblable. En les remplaçant tous un par un, le résultat serait un individu complet, identique fonctionnellement au précédent, sous forme électronique. Pour Kurzweil, telle est la voie par laquelle l’homme a le plus de chances d’atteindre, sinon à l’immortalité, du moins à une espérance de prolongation de sa vie consciente d’un facteur 10, voire 100… (3)

« Dans une approche totalement opposée aux transplantations d’organes, la médecine régénérative cherche, en effet, à utiliser des cellules souches pour régénérer des organes in situ idéalement dans un parfait état de fraîcheur. Des progrès en ce sens ont été récompensés par un prix Nobel de médecine à Shinya Yamanaka et John Gurdon en 2012. Voilà, c’est dit, dans trente ans, l’Homme sera numériquement immortel. Reste juste à savoir à quoi cela servira, les risques que cela engendrera et surtout, à qui cela s’adressera… Télécharger la totalité de son esprit vers un ordinateur, ce sera possible d’ici 2045 d’après Ray Kurzweil, Google Engineering Director. C’est du moins ce qu’il a annoncé en juin dernier lors du Global Furures 2045 International Congress à New York. Manifestation organisée par un milliardaire Russe (Dimitry Itskov) et qui avait pour but de présenter le monde de 2045 » (4).

« Durant ce congrès, il a été indiqué que l’Humanité connaîtrait dans les années à venir, une croissance technologique totalement nouvelle et largement supérieure à celle que l’on connaît aujourd’hui plus connue sous le nom de «Singularité Technologique». Ce concept tend à l’immortalité digitale, en conservant l’intelligence et le cerveau de l’Homme pour l’éternité. L’Homme a rendu indispensable les nouvelles technologies à sa vie. Kurzweil explique que «nous allons devenir de plus en plus «non-biologiques», au point où les parties non-biologiques domineront et que les parties biologiques ne seront plus importantes. En fait, la partie machine, sera si puissante, qu’elle pourra totalement modeler et comprendre la partie biologique. Du coup, même si cette partie biologique était retirée, cela ne ferait aucune différence. (…) Nous aurons également des corps non biologiques – nous pouvons créer des corps virtuels et une réalité virtuelle aussi réaliste que la réalité réelle. Nous serons donc capables de changer de façon routinière de corps, mais aussi d’environnement, très rapidement. (4)

Bienvenue dans le monde post-humain!  Charles de Gaulle avait coutume de dire que la « vieillesse est un naufrage ». Comment alors sauver l’homme pour qu’il s’éteigne  « en beauté » Avons-nous alors besoin et toujours des religions ? c’est même religions qui ont abdiqué leur responsabilité face à une science conquérante et dont les barrières éthiques ont sauté ; Si oui, il nous faudra redéfinir le fait religieux absolu quelque soit la spiritualité réinstaller des barrières acceptées par tous et par toutes qui respecteront le sacré de la dignité humaine et devront en définitive de l’accompagner durant son parcours sur terre  en lui permettant la sérénité  au seuil du déclin. Il manque toujours du temps à ceux qui en ont de moins en moins avec l’âge.  On prête à Alexandre Le Grand , le grand conquérant mort à l’âge de 37 ans cette  tirade concernant l’inanité de l’acharnement thérapeutique, de la position sociale, plus ou moins aisée devant l’inéluctabilité du sablier :

« Je veux, dit-il, que les médecins les plus éminents transportent eux-mêmes mon cercueil pour démontrer ainsi que face à la mort, ils n’ont pas le pouvoir de guérir…Je veux que le sol soit recouvert de mes trésors pour que tous puissent voir que les biens matériels ici acquis, restent ici-bas… – Je veux que mes mains se balancent au vent, pour que les gens puissent voir que les mains vides nous arrivons dans ce monde et les mains vides nous en repartons quand s’épuise pour nous le trésor le plus précieux de tous: le temps.»

Merci au Professeur Chems eddine Chitour de l’Ecole Polytechnique enp-edu.dz

Sources :

1. L’immortalité Encyclopédie Wikipédia
2. http://www.atlantico.fr/decryptage/vieillissement-arrete-souris-pas-plus-vers-immortalite-christophe-jaeger-935691.html26
3. http://www.atlantico.fr/decryptage/immortalite-en-vue-comment-interpreter-dernieres-decouvertes-maniere-dont-mort-empare-progressivement-corps-david-gems-joel-rosn-802152.html
(4) http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/2045-l-homme-sera-immortel-147343
http://www.mondialisation.ca/limmortalite-ce-que-promet-la-science-prometheenne/5368068?__scoop_post=32bf0e10-7a58-11e4-d5b4-90b11c3998fc&__scoop_topic=2634562#__scoop_post=32bf0e10-7a58-11e4-d5b4-90b11c3998fc&__scoop_topic=2634562

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